Claude Mouton

Artiste peintre

Les perdants magnifiques

Tout enfant jouant à la marelle le sait bien, que l'on monte de la terre au ciel à cloche pied. Que le chemin est chaotique, incertain, que l'on trébuche parfois sur cet incomplet damier.
Une fillette joue à la marelle (mais ce n'est pas vraiment un jeu) sur l'un des treize tableaux superbes que le peintre clermontois Claude Mouton expose au Centre Pierre Montgroux . Une femme porte de l'eau…des gens bivouaquent…des enfants jouent au ballon et d'autres ne font rien, sinon être là, hommes et femmes, maillons d'humanité en déshérence. Cette série méditative toute récente d'œuvres pétries de terres, incrustées d'or et de poudre de marbre, balisées de symboles, est profondément troublante. Elle ne porte pas encore de nom mais pourrait s'appeler "les perdants magnifiques", en un clin d'œil à Leonard Cohen.
C'est en tout cas ainsi que le peintre la nomme déjà, tel un passeur d'universalité. Et son travail en technique mixte s'inscrit dans une modernité et un esprit contemporain voisin des travaux de Ferrer ou Brisson. Un travail qui évoque encore Rothko au delà des éléments figurés, et qui envoute et captive comme une question existentielle obsédante. Peut-être sont-ils d'Afrique, les passagers de ces toiles, peut-être sont-ils de partout ou peut-être encore est-ce nous-mêmes, émergés du sable clair des bords de fleuve... Venus de quels rivages lointains ? Partis vers quels lendemains ?
Tournés vers quel au-delà ?
Article de presse, Laurence Couperier.