Claude Mouton

Artiste peintre

Triptyque 1 - Portraits: 80x40 - Paysage 70x70 - Technique mixte sur toiles

Triptyque 1 - Portraits: 80x40 - Paysage 70x70 - Technique mixte sur toiles

Triptyque 3 - Portraits: 80x40 - Paysage 70x70 - Technique mixte sur toiles

Triptyque 3 - Portraits: 80x40 - Paysage 70x70 - Technique mixte sur toiles

Triptyque 4 - Portraits: 80x40 - Paysage 70x70 - Technique mixte sur toiles

Triptyque 4 - Portraits: 80x40 - Paysage 70x70 - Technique mixte sur toiles

Triptyque 6 - Portraits: 80x40 - Paysage 70x70 - Technique mixte sur toiles

Triptyque 6 - Portraits: 80x40 - Paysage 70x70 - Technique mixte sur toiles

Le fil

Montrer l'invisibilité du visible, voici ce que Claude Mouton me dit un jour à propos de celui qu'il considère comme son inspirateur : Paul Surtel. Et c'est sur cette idée que repose toute l'œuvre de l'artiste : donner "à voir des âmes", montrer la distance entre les hommes ; tout comme Surtel savait lui, faire entendre le murmure des cyprès, avant l'orage.
Presque une décennie m'aura été nécessaire pour comprendre le cheminement de cet artiste secret, souvent évasif à l'extrême et décrypter ses influences, car Surtel n'est qu'un détonateur et les charges explosives, entassées depuis l'enfance, sont autrement mieux cachées : une grand-mère fascinée par l'œuvre et le personnage de Fernand Léger et une vieille tante mystique, admirative de Dante Gabriel Rossetti se chargèrent tour à tour de son éducation. Claude eut donc une enfance culturelle plutôt riche mais ce qui aurait dû être une chance fut vécu par l’enfant, fils unique de surcroît, comme une malédiction. Il m'avouait récemment n'avoir vu dans l'œuvre de Léger ''que des costauds en maillots bariolés, copains avec des perroquets" et chez Rossetti d'inquiétantes nymphes "vaguement fêlées'' qui lui foutaient la trouille.
Au début des années 70 il rencontre une jeune femme artiste peintre, de quelques années son aînée, dont la plastique lui est étrangement familière ; avec le culot de ses seize ans il lui demande si elle est bien la fille de Jane Burden. Éclat de rire car c'est une insulte, Jane Burden pouvant être son arrière grand-mère, mais éclat de rire complice : en pleine vague hippie où les héros s'appellent Ginsberg et Kerouac qui connaît l'égérie des préraphaélites? Qui connait Rossetti ? La jeune femme va lui faire découvrir la poésie "fatale" de Leonard Cohen et surtout l'œuvre absolue d'un peintre décédé l'année précédente : Mark Rothko.
Léger, Rossetti, Rothko. Un triptyque étrange et inattendu, voire quelque peu bancal qui restera en sommeil encore une bonne douzaine d'années pendant lesquelles Claude se tourne vers l'écriture, termine un roman qu'il essaiera très mollement de faire éditer. Il devient journaliste localier puis, vraiment lassé des mots, agent commercial dans un grand quotidien régional français.
Lorsque par hasard il découvre Surtel, la révélation est immédiate et totale : Claude comprend que des histoires peuvent être racontées autrement qu'avec des mots ; que les mots ne sont même, parfois, que de très imparfaits moyens pour exprimer les émotions humaines. Il apprend le langage de la peinture, de la couleur. Ressortent alors les influences d'hier : Rossetti et Puvis de Chavanne pour le symbolisme et l'esthétique, Léger, dont il ne gardera pas le trait, pour l'engagement social et la dignité de l'homme, et enfin Rothko, bien sur, pour l'abstraction idéale d'un monde révélé.
Fin 2007, Claude Mouton a sans doute livré avec sa série "le fil" son véritable "testament philosophique" où apparaissent, tour à tour, ses "bizarres" aïeules, mais aussi cette Esther"Jane Burden", personnage récurrent des séries, jusqu'ici toujours montrée de dos, et l'artiste lui même, en enfant puis en jeune homme. Cette énigmatique série de portraits encadre des paysages désertiques ramenés de ses rares voyages et saisis aux confins de l'abstraction. Visions d'un monde traversé sans hâte et que Claude Mouton considère aujourd'hui comme son travail le plus achevé.

MUSTAPHA MALEH, Chroniqueur à « Perspectives Méditerranéennes ».